José Kablat
Présentation par Garance Thouzelier
José Kablat est né en 1908 à Trieste, en Italie. Il s’installe en 1936 en Espagne, puis en 1939 en France et depuis la guerre, il s’est implanté à Toulouse. Entièrement autodidacte, c’est à l’âge de cinquante ans qu’il se met réellement à peintre.
Influencé par ses lectures de l’astrophysicien Camille Flammarion, ses oeuvres ont quelque chose de cosmique. Il est
lauréat de plusieurs prix nationaux et internationaux, dont le Grand Prix de New-York en 1966.
Il inaugure la Galerie L’Atelier en mars 1964 où il expose un an plus tard. imone Boudet expose ensuite ses toiles en 1970, 1972 et 1974, et le Centre Léonard-de-Vinci propose également Kablat sur ses cimaises en 1970 et 1972.
Les toiles les plus anciennes sont construites d’enchevêtrements fantastiques dans de espaces vertigineux, avec une palette noire et blanche rehaussée de lueurs brunes.
Ensuite sur fond lisse, de couleurs parfois violentes, se détache des amas de formes noueuses et
musclées. Les peintures les plus récentes de Kablat semblent faire la synthèse de ces deux tendances: il donne des toiles imposantes d’une grande intensité lyrique.
Il offre un peinture gestuelle, d’une grande force et d’une grande précision.
L’univers de Kablat semble en trois dimensions, les formes suspendues dans l’espace. Le fond est tantôt traité comme un vide, noir et lisse, et tantôt est animé par de larges touches.
Chaque forme paraît délimitée et les volumes sont rendus avec justesse.
Lors de l’inauguration de la Galerie L’Atelier, Michel Roquebert décrit les oeuvres de Kablat:
«(Il nous livre) un monde à la fois fantastique et organisé, délirant et construit, série de variations sur des structures «métalliques» d’apparence, qui semblent de monstrueux objets photographiés mais dont les masses, les volumes, les lignes, obéissent à des rythmes complexes, aux mouvements d’une écriture extrêmement sûre d’elle, bref à une logique d’ordre purement plastique.»
Lorsque la couleur entre dans ses peintures, c’est davantage pour éclairer les formes, de façon électrique, que pour les colorer José Kablat est un peintre visionnaire dont les toiles étranges et mystérieuses envoûtent le public avec ces formes nerveuses, des spirales ou d’explosions, qui jaillissent et donnent une dimension apocalyptique.
L’espace le monde inconnu nocturne et flamboyant, la vie souterraine et cachée, sont nullement représentés mais puissamment évoqués comme l’explique Robert Aribaut :
«Sur un fond nocturne, moins opaque que mystérieux, s’enlèvent des formes nerveuses, jaillissantes, évocatrices de cataclysmes marins et cosmiques. Cela évoque tour à tour [...} des explosions minérales pétrifiées, des voilures déchirées par la tempête, ou de fulgurants météores stoppés dans leur périple. [...] Un espace à la fois réel et onirique, qu’éclaire le fascinant et sourd éclat de belles harmonies, intenses et profondes à la fois, mordorées et bleu nuit.»
D’ailleurs on parle souvent de lui comme d’un peintre visionnaire dont les peintures préfigureraient les prises de vue Spot Image. Il est troublant de comparer ses toiles avec une image, par exemple, prise par la sonde Magellan A la vue de sa toile Pulsion on pense à une vue de l’espace, d’un cratère.
Aline Llareus-Dinier entre un jour dans le laboratoire de Spot Image qui sort les dernières photos et elle s’écrit:
«Mon dieu, on dirait un Kablat!».
De là, elle organise un diaporama à l’Ecole Nationale des Ingénieurs Civils et Militaires pour lequel elle alterne de façon irrégulière les diapositives de Spot Image avec des toiles de Kablat.
La confusion s’établit: «A force, les ingénieurs se sont embrouillés. Tout le monde était perdu ! »
Peintre visionnaire, explorateur du monde de la nuit des temps, pour Michel Roquebert José Kablat « semblait apporter soudain, dans la peinture toulousaine, un frisson nouveau. José Kablat construisait sous nos yeux un monde nouveau, fascinant, que l’on ne pouvait oublier dès lors qu’on l’avait vu. »