Henry Lhong
Chez Mat, à « Terre d’ocre »
Henry Lhong, on le sait, a joué un rôle Important dans la vie culturelle toulousaine et régionale de ces vingt dernières années.
Rappelons qu’avant d’être du « Grenier »., II a été avec C.-P. Bru, l’un des fondateurs du salon « Art Présent » qui regroupa les meilleurs peintres de la génération de 1950 de Schintone à Igon et Marfaing et vit affirmer de nouveaux talents comme R. Thon, C. Pradal et plus jeunes G. Boyer et E. Marsiam.
Henry préside aussi aux destinées d’une de nos meilleures galeries d’art toulousaines, aujourd’hui disparu, " L’Atelier", de la rue des Blanchers, qui révéla à beaucoup une certaine peinture d’avant-garde.
On n’aurait garde d’oublier qu’il s’affirma également comme un poète authentique avec son recueil « Charnières » et un deuxième ouvrage, réalisé en collaboration avec un peintre aussi doué que trop discret aujourd’hui : J.-É. Jaurès.
Enfin, dynamisé par sa passion pour la création plastique et à sa vaste expérience dans ce domaine, Henry Lhong est devenu peintre, ainsi qu’en témoigne la présente exposition qu’il a tenu à montrer ses compatriotes avant de les quitter.
Une exposition qui est pour lui. la première et qui regroupe un ensemble de toiles et de beaux dessins d’une large et énergique facture.
Peintre, Henry Lhong, s’il a dans le passé (ce que n’ignorent pas plusieurs de ses amis) sacrifié un moment aux démons de l’abstraction, pratique une figuration, nullement « classique » mais d’une modernité aiguë.
Les corps et les visages qu’il décrit s’enlèvent en de souples et nerveuses architectures de formes de rythmes sur des fonds de larges zones de coloration.
Henry Lhong peint dans des harmonies soutenues avec de vifs contrastes colorés et sait tirer parti des suggestives oppositions entre la matière lisse et les empâtements onctueux.
Usant sobrement de la déformation expressive, sans cesser de parler pour cela un langage plastiquement articulé, il inscrit ses figures dans un espace, fermé et menaçant.
Des figures troublantes, souvent angoissantes et parfois même d’une agressive cruauté.
On y peut lire, à travers les fantasmes et les obsessions de l’artiste, le drame de l’homme contemporain en proie à l’aliénation et menacé par la solitude et le néant destructeur.
Par le caractère de sa démarche et de sa vision, H. Lhong nous fait évoquer certains de nos actuels et très contestataires peintres de « l’image » et aussi le magnifique et terrible Francis Bacon.
Avec sa première exposition qui, si elle n’est pas d’un « professionnel » est d’un vrai peintre parce que d’un artiste qui a quelque chose à dire, H. Lhong fait ses adieux à Toulouse.
Avec lui la Maison de la culture de Grenoble aura un directeur doublé d’un créateur.
(Atelier Terre d’Ocre. Bonrepos Riquet par Verfeil jusqu’au 30 septembre.)
Robert Aribaut, samedi 17 Septembre 1977 (article paru dans la Dépêche du Midi)
note de l’artiste :
Comme vous le constaterez, c’est en 77 que j’ai pu exposer mes toiles qui montrèrent bien que passionné par l’abstraction j’avais quand même choisi la figuration. Robert Aribaut m’a ému par son article.
Par la suite, il me fut impossible de continuer. Surtout à cause de la création d’Odyssud ce qui ne ne m’a pas empêché, grâce à la compétence de Didier Pignon et de toute mon équipe technique, de créer dans la salle d’expo plein de présentations internationales qui ont attiré un énorme public.
Depuis ma retraite, j’ai pu m’y remettre et beaucoup voyager. La découverte de l’art à Bornéo et le « tsunami » dans le sud de la Thaïlande m’ont bien ému et m’ont influencé, ce que vous allez voir dans le Bistrot des Artistes, que je remercie beaucoup de m’avoir accueilli.
Henri Lhong, décembre 2006