Raphaël Fays
La nuit des Gitans pour le soleil des autres
Main de maître et pattes de manouche Raphaël Fays revient à la musique de Django Reinhardt.
Initié par son père Louis Fays, il se lança dès 15 ans sur les chemins pleins d’ornières de la carrière, et pour lui celle-ci sera fulgurante.
Lancé par les faiseurs de médias, Foulquier, Tenot, Chancel, il devient l’interprète obligé et fulgurant du maître, de l’astre des manouches, Django.
Jouer cette musique c’était comme approfondir son parler gitan, continuer le cercle des roulottes autour du plus beau feu de la communauté. C’était aussi sans doute éblouir tous les non-gitans de sa virtuosité, tout en conservant l’admiration des siens. Les disques et les tournées l’entraînent alors autour des guirlandes et des lampions des notes à Django.
Et puis Raphaël Fays a voulu sortir du village fécond de sa tradition et s’aventurer vers d’autres musiques. Ce fut "Voyages" et l’aventure de ses propres créations, de ses nouveaux compagnonnages avec le violoniste Pierre Blanchard et l’ami gitan Andalou, Juan Carmona.
Après avoir été enfant prodige, puis guitariste classique il découvre les couleurs sang du Jazz, les piments noirs du Flamenco. Et sa musique s’est émaillée, a pris du corps et du coffre. Maintenant à la croisée des musiques vagabondes, Raphaël Fays, avec ses voyages dans les traditions cousines, peut laisser courir ses mains manouches sur le corps de la musique.
Elle en gémit d’aise ! Et, non encore plein d’âge et toujours en déraison, il veut revenir voir comment poussent encore ses racines, comment vont les voisins, et combien toujours aussi belle est la musique de Django.
La tradition manouche reste ainsi la plus forte et finit par guider ses doigts et son inspiration. Son retour à Django n’est pas une relecture, ou un retour à sa jeunesse flamboyante, mais un beau voyage, respectueux, aventureux, autour des thèmes sacrés.
Sûr de lui et de son art, après avoir écumé les grandes routes, il éprouve le besoin de se poser à nouveau dans ce territoire ouvert à tous les vents, surtout ceux de l’esprit, Raphaël Fays revient rendre hommage aux thèmes de son enfance.
Les caresses virtuoses de Raphaël Fays enflamment sa guitare, et entre la braise de l’inspiration, et le bois continu des musiques transmises, il sait mettre le feu.
À côté de ces splendides nuages sonores, il fait aussi place à l’appel du Flamenco qui pousse sa corne et au Jazz qui bat du pied.
Gil Pressnitzer