Pete Seeger

La statue de la Liberté est toujours debout

Combien parmi nous auront senti le vent de la liberté souffler dans nos têtes grâce à une sorte de saint laïc, chanteur des profondeurs de la bonté, briseur des chaînes des esclavages de l’humanité ? Cet homme qui aurait mille fois mieux mérité le prix Nobel de la paix que d’opportunistes politiques, est toujours parmi nous. Solaire, merveilleux, il s’appelle Pete Seeger.

Par sa ferveur de chanteur, cet ami intime de Woody Guthrie qu’il aura fait reconnaître au public, fut de tous les combats et son banjo, ou sa guitare parfois, sa voix, sa générosité irradiante auront été « une mitrailleuse contre les fascistes ».

À travers bien des générations, il a tenté de réveiller les peuples, de les faire s’aimer, et ses chansons étaient les chansons du monde entier.
Marcheur de la fraternité, de la paix, cet idéaliste a rendu notre petite planète plus belle, plus ouverte aux autres. Il a dressé les liens de la solidarité, magnifié le monde des travailleurs, des paysans, des exclus. Ses raisons, ses raisins, de la colère à lui étaient ses chansons. Ses « protest - songs ».
Il fut de tous les combats dès les années 1940. Sa rencontre avec le grand ethnomusicologue Alan Lomax qui collectait les chants traditionnels américains, lui aura ouvert son véritable pays intérieur : celui de la liberté et de la défense de la mémoire des opprimés.
Lui le vieux baobab de 90 ans le 3 mai 2009, immensément sage, mais toujours révolté contre l’injustice, aura mené bien des combats qui n’ont laissé que les cicatrices des batailles et la poudre des conquêtes, mais toujours la rosée de la fraternité sera la plus forte. Quand sa voix haute s’élève au –dessus des voix ferventes du public la liberté tutoie le ciel. La chanson populaire retrouve sève et sens grâce à Pete Seeger.

Un homme debout

Debout contre le mal, l’intolérable, le déni d’humanité fait aux hommes, il a composé des milliers de chansons, autant de balles traçantes contre la bêtise. Rempart des opprimés, des pauvres, des laissés pour compte du capitalisme triomphant, il sera très vite catalogué de rouge, de communiste. Il n’était que rebelle, mais rebelle avec une cause, avec mille causes.

Combats contre la guerre du Vietnam, contre l’armement atomique, pour les droits civiques, contre la guerre froide, pour l’écologie avec des batailles pour sauver l’Hudson, il fut le brave petit soldat terrassant les puissants. Il a voulu lier et relier le monde entier. Son répertoire associe des chants de la plupart des pays, Afrique du Sud, Cuba, Russie, Chine, chants des républicains espagnols, Israël.

Il a été le symbole de la lutte contre l’esclavage et l’apartheid. La guerre civile américaine il nous l’a réapprise, avec ces héros anonymes morts au champ d’honneur de la conscience.

Pete Seeger c’est la solidarité, c’est l’espérance mise à notre portée. Il donnait d’ailleurs des leçons de survie, de fuite devant l’écrasement des riches.

We shall overcome, ce chant de délivrance, c’est lui. Ce chant a fait le tour du monde et un jour en 1963 à Chicago, il fut repris par 250 000 personnes et commença le tour du « Martin Luther King ». Pete Seeger aura été la voix du mouvement des droits civiques, des ouvriers, des esclaves, des vagabonds. Tout l’univers du folksong américain encore vivace aujourd’hui, est issu de Woody Guthrie et de Pete Seeger. Le concert au Madison Square Garden pour son anniversaire en 2009 restera comme un moment d’une immense ferveur populaire. Obama le conviera à son investiture.

Étendard de l’espoir et de la résistance, Pete Seeger a écrit ou popularisé la plupart des chants qui nous portent encore et qui vont sur toute la face de la terre affirmer que l’homme doit vivre debout et libre.

C’est une chose de se vouloir prophète, cela en est une autre d’avoir la voix pour porter ses prophéties, ses utopies et de les faire triompher. Pete Seeger l’a fait. Ses rencontres de chants collectifs « hootnanny » furent des moments de ferveur populaire et de prises de conscience sociale et humaniste. La véritable démocratie participative montait de ces voix à l’unisson reprenant ces très vieilles chansons, ou les toute nouvelles qu’il griffonnait lors de ses voyages. Du Sud profond jusqu’aux aurores boréales, sa voix est encore accrochée aux étoiles.

Pete Seeger restera celui qui ne se met jamais à genoux devant le destin et qui jamais ne lèche les bottes d’une vie en cage.

Il en aura connu des chasses aux sorcières, des maccarthysmes plus ou moins violents. Jamais il n’a cédé. Il est là encore parmi nous.

Il ne chante pas aussi bien que Joan Baez ou Odetta, mais sa voix un peu grêle sur la grêle du banjo est la plus douce des pluies sur nos déserts. L’homme qui partout chantait gratuitement pour éveiller les cœurs et les âmes, a rendu réelle cette prophétie de Woody Guthrie « This land is your land », ce pays est votre pays.

Quelques cailloux blancs de sa vie

Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents communisants, Pete Seeger l’a eue et il est né le 3 mai 1919 à Patterson, New York. De plus, ils étaient musicologues et imprégnés des chansons folkloriques américaines et européennes. Son autre chance fut de quitter le journalisme et de rencontrer d’abord l’instrument des vagabonds et des troubadours américains : le banjo à cinq cordes. Ce fut en 1936 et sa vie fut changée. En 1940 il connut deux pionniers de la musique folk. Alan Lomax l’homme de terrain qui collectait la mémoire des chants encore vivants chez les gens et l’immense Woody Guthrie, le chanteur, le poète, l’homme des ballades de la poussière et des révoltes. Cette date historique, celle des « Raisins de la colère » est le 3 mars 1940, a changé les États-Unis. Ensemble ils fondent le groupe Almanac qui va répandre partout la bonne parole des chansons de luttes et de combat. Ils militent pour l’entrée en guerre des États-Unis contre le fascisme et deviennent célèbres.
En 1950, il constitue le groupe mythique des Weaver s avec Lee Hays, Ronnie Gilbert et Fred Hellerman qui sera le socle du folksong américain par son impact populaire. C’est par ce groupe que certains en France découvrirent l’existence de cet apôtre des consciences pures. J’en fis partie.

Le reste n’est plus qu’histoires de démêlés avec le FBI, de listes noires, d’exclusion de la télévision pendant 15 ans, d’autres interdictions, des peines de prison en 1961 finalement annulées, d’attaques physiques, d’émeutes contre lui, de lutte contre la guerre du Vietnam. Mais l’inéluctable triomphe de ses chansons aura lieu. Elles ont structuré la jeunesse américaine. Qui n’a chanté Goodnight Irene, We shall overcome, Turn, turn, turn, Michael row the boat, Black is the colour, If I had a Hammer, Where Have All the Flowers Gone ?…

Son impact culturel a été énorme, lui qui pourtant n’avait pas les moyens de diffusion de masse.

Lui a résisté aux succès commerciaux, aux imitateurs (Peter, Paul and Mary par exemple),à la fausse gloire, pour rester Pete Seeger, le simple troubadour des opprimés, le juste.

Permanence de Pete Seeger

Dans un titre repris à Mahler die Gedanken sind frei, les pensées sont libres, Pete Seeger aura affirmé et construit la victoire des pensées et des chansons sur le vieux monde. Les générations 1960 et après sont ses enfants. D’Odetta à Bruce Springteen, en passant bien sûr par Bob Dylan et Joan Baez, Buffy Sainte-Marie, Judy Collins, Phil Ochs, les festivals folk de Newport...
il laisse un immense héritage de ballades folkloriques américaines, de chants de combat des travailleurs, de folklore du monde entier.
Il est devenu la mémoire du monde, le chant des hommes et une partie de ses utopies ont été réalisées. Il aura connu des doutes, mais sa foi inébranlable en l’homme, en la liberté lui est resté chevillée à l’âme.

En Europe on n’a qu’une faible idée de son importance et de son influence sur la musique américaine. Et pourtant ! Sa vie est un exemple célébré. Il a forgé une nouvelle conscience politique. Il a inventé la conscience des mouvements alternatifs et le développement des réseaux organisés contre le pouvoir de l’argent et de l’industrie culturelle dominante. Il fut la gauche culturelle. Par le pouvoir de ses chansons. C’est la revanche du troubadour !
Cette folle tentative de créer une nouvelle musique populaire à partir de l’ancrage dans la tradition folk américaine à l’échelle d’une nation aussi vaste a réussi. Il a toujours cru au pouvoir de l’histoire et du chant.
Grâce à lui tous sont un peu plus égaux et libres dans ce pays étendu à la terre entière. Son intégrité, son amour des autres, son honnêteté fondamentale font des arcs -en –ciel sur nous. Pour lui l’humanité s’élève quand une foule chante en chœur ensemble des chants de récoltes et de révoltes. Il a comme Woody Guthrie érigé le rôle social du troubadour, du chanteur. Il a réappris la démocratie aux gens en les faisant chanter !

Le pouvoir d’une chanson contre tous les fusils ! 70 ans de concerts, et la terre est un peu meilleure, juste un peu, mais nous croyons un peu plus aux sourires des enfants et à la rosée.

ère Hudson. Lui, sa femme Toshi et leurs petits enfants s’y installèrent dans les années quarante, et leur vie pour un temps était fruste, sans électricité ni eau courante pendant un certain temps. Il est resté proche de la terre et du sirop d’érable. Il n’a pas voulu faire carrière, il a fait toute la forêt des chants à lui tout seul. Maintenant canonisé, car à son grand âge on n’a plus peur de lui, il reste aux aguets des choses, souriant et sceptique aussi.

Il sait que bien du chemin reste à faire : « Oui, mais la race humaine va-t-elle survivre au 21e siècle ? Il y a une chance de 50/50. Nous avons beaucoup de travail à faire. »

Merci Pete ! Longue vie. Gloire à lui.

We shall overcome !

Gil Pressnitzer

Choix de textes

adaptation Anne Loiseau

Si j’avais un marteau

Paroles et musique par L. et P. Hays Seeger
Si j’avais un marteau
Si j’avais un marteau au matin
Si j’avais un marteau au soir...
Partout dans ce pays
Si j’avais un marteau plus fort que le danger
Si j’avais un marteau plus fort que les mises en garde
Si j’avais un marteau pour faire jaillir l’amour entre tous mes frères et mes sœurs
Partout dans ce pays.
Si j’avais une cloche
Je l’aurais fait sonner à toute volée au matin
Je l’aurais fait sonner à toute volée au soir...
sur toute cette terre,
Je l’aurais fait sonner à toute volée plus fort que le danger
Je l’aurais fait sonner à toute volée plus fort que les mises en garde
Je l’aurais fait sonner à toute volée pour faire jaillir l’amour entre tous mes frères et mes sœurs
Partout dans ce pays.
Si j’avais une chanson
Je l’aurais chanté au matin
Je l’aurais chanté au soir...
partout dans ce monde,
Je l’aurais chanté plus fort que le danger
Je l’aurais chanté plus fort que les mises en garde
Je l’aurais chanté pour faire jaillir l’amour entre tous mes frères et mes sœurs
Partout dans ce pays.
Si j’ai un marteau
Et j’ai une cloche
Et j’ai obtenu une chanson à chanter... tous sur cette terre,
C’est un marteau de la justice
C’est une cloche de la liberté
C’est une chanson sur l’amour entre tous mes frères et mes sœurs
Partout dans ce pays.

Et tourne, tourne, tourne (Turn, turn, turn) (Paroles adaptées du Qohelet – l’ecclésiaste)© 1962

pour toute chose
Il y a un temps pour tout, un temps voulu sous les cieux :

un temps pour naître, et un temps pour mourir
un temps pour planter, et un temps pour récolter
un temps pour tuer, et un temps pour guérir ;

un temps pour rire, et un temps pour pleurer.

un temps pour bâtir, et un temps pour détruire
un temps pour danser, et un temps pour se lamenter,
un temps pour lancer des pierres, et un temps pour rassembler des pierres.

un temps pour la guerre, et un temps pour la paix
un temps pour aimer, et un temps pour haïr
un temps pour embrasser, et un temps pour s’éloigner des embrassements.

Un temps pour gagner, et un temps pour perdre
un temps pour déchirer, et un temps pour recoudre
un temps pour aimer, et un temps pour haïr
un temps pour la paix…Je jure qu’il n’est pas trop tard.

Petites boîtes ( paroles de Malvina Reynolds) Copyright 1962

À flanc de coteaux des petites boîtes
Des petites boîtes faites de bric et de broc
Des petites boîtes
Des petites boîtes toutes les mêmes

En voilà une verte et puis une rose
et elles sont faites de bric et de broc
Et elles se ressemblent toutes

Et les habitants des maisons vont tous à l’université
et tous sont mis dans des boîtes, des petites boîtes toutes les mêmes

et il y a des docteurs et il y a des juristes
et des cadres supérieurs
et tous sont fait de bric et de broc et tous se ressemblent
et tous vont jouer sur les courts de golf et boire leur martini dry
et tous ont de beaux enfants et leurs enfants vont à l’école
et les enfants vont en colonie de vacances
et puis vont à l’université
et tous sont mis dans des boîtes, tous ils deviennent les mêmes

et les garçons vont dans le monde des affaires, se marient et fondent une famille
et tous sont mis dans des boîtes, des petites boîtes toutes les mêmes

En voilà une verte et puis une rose
et elles sont faites de bric et de broc
Et elles se ressemblent toutes

We shall overcome (tiré d’un gospel de Charles Tindley I’ll Overcome Some Day(1900)

We shall overcome,

We shall overcome,

Nous vaincrons, un jour.

Oh, au plus profond de mon cœur,

Je le crois

Nous vaincrons, un jour.

Nous marcherons main dans la main,

Nous marcherons main dans la main, un jour.

Oh, au plus profond de mon cœur,

Je le crois

Nous vaincrons, un jour.

Nous vivrons en paix,

Nous vivrons en paix, un jour.

Oh, au plus profond de mon cœur,

Je le crois

Nous vaincrons, un jour.

Nous serons tous libres

Nous serons tous libres
Nous serons tous libres, un jour.

Oh, au plus profond de mon cœur,

Je le crois

Nous vaincrons, un jour.

Nous n’avons pas peur,

Nous n’avons pas peur, AUJOURD’HUi

Oh, au plus profond de mon cœur,

Je le crois

Nous vaincrons, un jour

Nous ne sommes pas seuls
Nous ne sommes pas seuls
Nous ne sommes pas seuls ce jour-là

Oh, au plus profond de mon cœur,

Je le crois

Nous vaincrons, un jour.

Tout le monde entier autour de nous
Tout le monde entier autour de nous
Tout le monde entier autour de nous ce jour-là

Oh, au fond de mon cœur,

Je ne crois

Nous vaincrons, un jour.

We shall overcome,

Nous vaincrons, un jour.

Oh, au fond de mon cœur,

Je ne crois

Nous vaincrons, un jour.

Où sont passées toutes les fleurs, Paroles de Pete Seeger © 1961

Où sont passées toutes les fleurs ?
passées il y a si longtemps
Où sont passées toutes les fleurs ?
passées il y a si longtemps
Où sont passées toutes les fleurs ?
Des filles les ont toutes cueillies
quand apprendront-ils enfin ?
quand apprendront-ils enfin ?

Où sont passées toutes les jeunes filles ?
passées il y a si longtemps
Où sont passées toutes les jeunes filles ?
passées il y a si longtemps
Où sont passées toutes les jeunes filles ?
Toutes se sont mariées
quand apprendront-ils enfin ?
quand apprendront-ils enfin ?

Où sont passés tous les jeunes garçons ?
passés il y a si longtemps
Où sont passés tous les garçons?
passés il y a si longtemps
Où sont passés tous les garçons?
Tous partis comme soldats, tous
quand apprendront-ils enfin ?
quand apprendront-ils enfin ?

Où sont passés tous les cimetières ?
passés il y a si longtemps
Où sont passés tous les cimetières ?
passés il y a si longtemps
Où sont passés tous les cimetières ?
Tous couverts de fleurs,
quand apprendrons-nous enfin ?
quand apprendrons-nous enfin ?

Ce pays est mon pays, paroles de Woody Guthrie, vers supplémentaires de Pete Seeger, © 1958

Refrain

Ce pays notre pays

Ce pays est mon pays
depuis la Californie jusqu’à la presqu’île de New York
depuis les forêts de Redwood jusqu’aux eaux du Gulf Stream
ce pays a été fait pour toi et pour moi.

Et j’ai marché sur tous les rubans des routes
Au dessus de moi j’ai vu les chemins infinis du ciel
Au-dessous de moi j’ai vu les vallées dorées
ce pays a été fait pour toi et pour moi.

J’ai erré et vagabondé, j’ai suivi mes pas
jusqu’aux sables étincelants et leurs déserts de diamants
tout autour de moi une voix résonnait
ce pays a été fait pour toi et pour moi.

Quand le soleil vint à briller, je me promenais
et les champs de blé ondulaient, et les nuages de poussière tanguaient,
quand la brume s’est levée, une voix a psalmodié,
ce pays a été fait pour toi et pour moi.

Un matin ensoleillé et clair, dans l’ombre du clocher
j’ai vu mon peuple dans les bureaux de la charité
et ils se tenaient là affamés, je me tenais là me demandant si,
ce pays a été fait pour toi et pour moi.

Par un haut mur d’enceinte, ils ont voulu m’arrêter
quand je marchais vers mes chemins de liberté,
personne de vivant ne pourra me faire rebrousser chemin,
ce pays a été fait pour toi et pour moi.

Paroles ajoutées par Pete Seeger:

Sans doute avez-vous travaillé aussi dur que vous le pouviez
Mais vous avez à peine droit aux miettes des tables des riches
et sans doute vous pensez que c’est vrai ou inventé
rebrousser chemin,
ce pays a été fait pour toi et pour moi.

Pays des bois ou des herbes et des rivages des rivières
pour chaque être vivant, même les microbes
Nageoires, fourrures ou plumes, nous sommes tous ensemble ici
ce pays a été fait pour toi et pour moi.

Discographie

Elle est immense et comprend des centaines d’enregistrements. Parmi ceux-ci:

American Favorite Ballads, Vols. 1-5 Smithsonian/Folkways
Pete Seeger’s Greatest Hits, Sony
We Shall Overcome: The Complete Carnegie Hall Concert, Columbia
If I Had A Hammer, Smithsonian/Folkways
American Folks Classics, Not Music
Hard Travelling: The Best of Pete Seeger, Music Club International
Folk Music of the World [Best of], Tradition

Son site http://www.peteseeger.net/