François Canard
Photographe
François Canard est photographe.
Il est aussi un lutin généreux qui sait transfigurer le réel, pour lui faire rendre toutes les gouttes d’humanité, les traces de magie ou d’amitié qui échappent à nos regards passants et pressés.
Sans violence aucune, mais avec cette tendresse qu’il porte au monde.
Que ce soit pour célébrer les différentes tribus, celle des citoyens à vélo, celle des amis musiciens, celle des amis tout court, celle des visages rencontrés une seconde.
Quand il photographie ses amis verticaux les arbres, dans ses photographies passent leurs racines et les siennes.
De son enfance au Puy-en-Velay avec ses odeurs de feuillages et de nuages, de son adolescence à Toulouse avec les épopées du Lycée Bellevue et la rencontre de la passion de la photographie et des peintres, de sa longue fréquentation des salles de concert à épier et fixer le vol de papillons des artistes, tout cela donne chair à son oeuvre.
«... Moi en tant qu’homme et photographe je suis habité par les arbres. Je chemine vers eux, ils marchent en moi, ils tracent leurs traces au fond de mon écorce intime. Ils sont mes sentinelles, mes balises, mes tatouages. Ce compagnonnage ne date pas d’hier. Délaissant un peu ma vie en clair-obscur des salles de concert, je suis revenu dans l’empreinte de la nature. Dès 2001 je suis allé au milieu de pierres, des eaux, des végétaux. Les odeurs de mon enfance étaient encore là ».
Son parcours semble guidé par des forces élémentaires, primordiales, ancestrales. François Canard est un chasseur-cueilleur de l’image.
Jamais il ne sera sédentaire et assagi dans le labour du quotidien répétitif.
Homme d’amour, d’inattendu, il fonctionne au choc intuitif, à l’affleurement du monde, à l’effleurement des peaux des êtres. Il est en perpétuel compagnonnage de la vie.
Il fuit l’académisme et les modes, le paraître et le superficiel.
« Mon approche de la photographie des arbres ou du monde ne procède nullement d’un ordre esthétique, ni d’une mode. Elle est primaire, primordiale, élémentaire ».
Il est tribal, membre de la tribu des humains qui osent la fraternité. Toujours disponible, aussi doué pour bricoler et réparer les objets et les êtres, faire la cuisine ou parler d’esthétique et des grands photographes ou peintres, il a formé des générations « d’élèves ».
Il est en résonance avec la palpitation de la vie.
Cette vie est là, sans mise en scène, sans projecteur, sans public voyeur, elle peut enfin se laisser aller et venir vers nous négligée, en robe de chambre des moments vrais.
Ses images denses convergent vers le rituel de la vie, et non plus vers le beau mensonge de la mise en scène.
De ses enchantements du monde en Afrique surtout au Burkina-Fassau, en Pologne, en France profonde, ou ailleurs il a mesuré le pouvoir des images, révélateurs ou mensonges, épiphanie ou imposture. Il a voulu aller vers un chemin de vérité.
Rendre notre présence au monde est sa manière de vivre en photographie.
Des salles de concert qui ne se donnent à voir que des projecteurs et des volutes des musiciens, jusqu’aux terres arides, aux objets les plus usuels et que l’on finit d’ignorer, François Canard a marché, respiré. Toujours plus près des éclaboussures de la vie, la vie de la fraternité, celle qui jaillit du quotidien décalé.
François Canard est un voyageur qui revient toujours au port de l’amitié, et qui sait rester sauvage dans ses sensations.
Ces images sont un chemin. Une vie s’enroule autour de ses photographies.
François Canard est photographe.
Il est aussi et surtout un homme de partage et de vie.