Adonis
Poète et conscience inaltérable
Le chêne debout
Comment transformer la vie en poésie ? Voilà la question. (Adonis)
Adonis est l’un des grands poètes actuels que porte, et qui porte, le souffle de la terre. Homme courageux dans un monde étroit, le Liban, il n’hésite pas à dire haut et fort sa parole généreuse. Son nom d’écrivain est déjà une belle affirmation et sans doute un étonnement pour les tenants de la culture dont il est issu et qu’il a dépassé en l’ouvrant à tout l’univers.
Et il est souvent censuré dans le monde arabe. Ses poèmes pour la libération de Florence Aubenas des griffes de ceux qui aiment par-dessus tout la mort, et sa fameuse déclaration « le voile ne couvre pas seulement le visage, il recouvre aussi le cerveau », le font profondément haïr par les sots et les fous.
De plus il a une relecture du passé et du patrimoine arabe qui dérange. Il est entre la continuation des valeurs anciennes et ces rejets actuels. Il est celui que Guillevic célébrait ainsi :
Oui, seul
Peut apprécier le chant
Celui qui confie
Sa joie au silence.
Seul celui-là
Sait peser le chant. (12 poèmes pour Adonis, Guillevic)
Viscéralement lié au souffle de la langue arabe, dont il ne pourra jamais se détacher, il récuse les traditions bigotes et fermées. Il déteste les monothéismes, lui le panthéiste fervent, et affirme que si Mahomet est le dernier prophète, nulle parole d’homme ne pourra plus être dite, et plus angoissant encore, plus aucune parole de Dieu non plus, puisqu’il a délivré son dernier message. Car le livre s’est refermé comme un piège.
Comme le sceau définitif. Comme le noir final sur l’amour.
Quant à ce qui a créé la grandeur de la poésie, ce n’était pas le religieux. Au contraire.
Cela semble vrai dans tous les monothéismes hélas, avec le carcan atroce de la parole révélée.
Adonis renoue avec la célébration de l’amour et du corps :
Mais il n’y a pas que l’islam qui déteste le corps, tout court, pas seulement celui de la femme. Toutes les religions révélées rejettent ce qui est physique pour mieux valoriser la transcendance. C’est l’être humain qui est le centre de l’univers et non Dieu. Dieu est une idée abstraite, lointaine. Cette séparation entre Dieu et l’homme a fondé un discours sur le corps qui est anti-humain.
Sa liberté de ton, son affirmation que l’autre est fondamental pour la construction de soi, en font un apostat de la pensée unique arabe ou pas. Un poète-sacrilège.
Pour le moment son ombre immense le protège encore des fanatiques. Nominé plusieurs fois au prix Nobel sans l’obtenir encore, il est une légende, un trésor vivant.
Son œuvre embrasse aussi les domaines des créations plastiques, peinture, calligraphies et collages « des raquimas », pages sur lesquelles on trouve en même temps l’écriture, la couleur et le dessin.
Son mysticisme non religieux, sa sensualité et sa réhabilitation des sens et des poètes l’ayant célébré, le mettent en marge :
C’est un mysticisme sans dieu, païen si l’on peut dire. Mais il faut préciser que je ne pense pas à un dieu quelconque, à une expérience religieuse, quand je parle de mysticisme. Et lorsque j’évoque la verticalité de l’expérience, j’ai en tête l’existence de la dimension ontologique au sein de l’expérience de l’amour, d’une expérience du rapport entre l’homme et la femme, au-delà de l’expérience amoureuse.
Adonis n’adresse ses prières qu’à la vie.
La poésie rend la vie sur terre plus belle, moins éphémère et moins misérable. La guerre, lutte collective, relève de l’esprit de troupeau et fait régresser l’homme vers la barbarie et la fin de l’humanité…
Contre la guerre comme djihâd, comme lutte pour édifier et organiser la cité musulmane, Adonis proclame l’incitation à l’amour et non la lutte contre « la modernité décadente », au travers d’un retour vers un passé figé et oppresseur. Un califat fantasmatique des premiers temps de Médine. Ses idées sont écrites dans un livre « La Prière et l’Épée », qui est sa vision de la culture arabe.
Il s’élève contre la pensée coranique et revient aux poètes d’avant le « sceau de la pensée" »(Urwah ibn Al-Ward, Hallâj, Abû Nuwâs, Bashshâr, Abu Tammam, Al Ma’arri, Al Mutanabi....).
Il refait vivre toute une tradition pré-islamique qui cherche une vérité infinie.
Et son nom volé à la mythologie grecque est son étendard contre le voile noir tombé sur cette richesse des mélanges. Il parle autant d’un monde ancien où les roses et les joies étaient faites pour être cueillies que d’un monde actuel à faire vivre. Du temps avant la lourde tenture de l’islam, temps où les poètes chantaient le vin, les amours libres. Du temps d’avant la soumission et la haine du corps et des sens. Il se veut le continuateur de ces poètes maudits, oubliés, écartés et parle de l’avant des lois coraniques. De l’après aussi.
« Connaître et faire connaître, tel dans sa vérité la plus nue, le passé de la civilisation arabe », même si cette vérité fait mal. Il dit de lui qu’il est le « Poète de la « métamorphose » et poète des lieux ». Il est le poète de l’exil aussi (Beyrouth en 1970) mais plus que de l’exil géographique il vit un exil mental avec le monde arabe des dirigeants et des mosquées.
Pas auprès des gens qui le lisent et l’admirent.
Il est au-dessus de tous les fondamentalismes dans la lumière universelle de ses poèmes et sa forte parole passe comme une tempête de sable sur les dunes de l’immobilisme religieux. Nul patriotisme, nul nationalisme, nulle religion ne le font taire ou se soumettre.
C’est terrible de faire d’un poème ou d’une œuvre une chose utile ! L’inutile est notre fortune.
Il tient bon et plus que le cèdre de son pays d’adoption le Liban, il en est le véritable chêne.
Le poète debout
Ali Ahmad Saïd Esber est né le 1er janvier 1930 dans le village de Kassabine, près de Lattaquié, en Syrie. Il est aujourd’hui citoyen libanais. Mais il a dû se réfugier en France en 1985, sa vie étant menacée.
Haut et fort contre les ignorants il maintient que le foulard islamique est un voile sur la vie. Et prônant l’interaction des civilisations il sait que le fameux retour à la pureté du monde arabe rejetant tout apport occidental ne saurait conduire qu’à laisser que des mosquées et des chameaux.
Lui restera rebelle et ouvert :
Mes désirsC’est de rester l’étranger rebelle, Et d’affranchir les mots de l’esclavage des mots.
En conférence il redit pour la millième fois le conte de fée qui lui a permis d’étudier :
Lorsqu’il a douze ans, en rêve il se voit écrire un poème au président de la toute nouvelle république syrienne, il parvient à le lire lui petit paysan à ce président qui lui demande alors un souhait, il se voit répondre : que je puisse aller à l’école.
Cela se passa exactement comme dans son rêve, ainsi le président de la République se rend en visite dans un village voisin – le jeune garçon parvient à lui lire ses vers et, impressionné, le chef de l’État veille à ce qu’il entre au lycée en 1942.
Il raconte aussi comment il prit le nom de plume d’Adonis en 1947. Lassé de voir toutes les revues arabes refuser ses poèmes, il lut par hasard la légende d’Adonis aimé d’Aphrodite et dévoré par les sangliers. Bien sûr il était Adonis de qui sortait une fleur rouge, et les autres étaient les sangliers. Cette légende morte, celle d’un dieu de la mort et de la résurrection, l’a rendu vivant et ses textes sont alors acceptés. Mais cet emprunt de nom va plus loin, il est l’allégeance à un dieu parmi les dieux et non plus au Dieu unique. Une légende contre d’autres légendes. Le retour du profane parmi les hommes.
Mais lui ne se veut ni guide, ni prophète, simplement et absolument poète. Le poète né dans un désert de langues et qui les reconstruit toutes par ses dires et ses maximes.
Paysan, il est né, homme de terre il est resté. Il regarde « l’horizon des horizons », celui qui nous dépasse et nous fait, celui toujours plus loin, de l’au-delà vers qui on tend les mains. Il marche sur les abîmes et ne cède pas aux vertiges et à la séduction du néant.
Il a ouvert la poésie arabe à la modernité en mariant mysticisme et surréalisme. Grand traducteur (Saint-John Perse, Yves Bonnefoy, Georges Schehadé), essayiste, ouvert au monde et à l’altérité, Adonis en appelle à une « Andalousie des profondeurs ». Ouverte et bruissante de tous les mots, de tous les autres:
Je marche vers moi et vers tout ce qui vient.
Il ouvre un espace plus immense que l’espace et les soupçons de désert que l’on pressentait en chacun de nous sont là déployés. Adonis affronte le chant, le temps et l’immense. Il est la sentinelle de la Nature, celle qui nous regarde vieillir, celle qui ne vieillit pas. Adonis est à la fois le roc et la poussière, le voyageur et les pierres qui le regardent s’en aller.
Il resta où le désert était autre épaule pour l’aider à supporter la mort et laissa à qui aime l’avenir une portion du soleil macérée dans le sang d’une gazelle qu’il appelait : « ma bien-aimée ». Il avait passé avec l’horizon un accord pour en faire sa dernière demeure.
Adonis prend la figure du vent, il enroule l’espace autour de ses mots,
L’amertume de mes jours visionnaires m’a appris, il n’est chemin pour l’amour qui ne soit vertical.
Adonis est une voix rebelle, une voix qui est vent violent. Cinglante est sa parole, douce est sa parole, car il mêle au soyeux des mots tendres et charnels comme du lait de chamelle, la force de l’imprécation du prophète. Il semble écrire des psaumes ou un peu comme René Char des aphorismes plus tranchants que les pierres.
Dans cet étrange mélange de préciosité et de violence, de mystique et d’épée, du moins en traduction française, la poésie d’Adonis témoigne d’un nomadisme profond, d’une vie qui va et cherche:
La vie est ma victime et je ne sais comment mourir –
mon temps est caché, il est sous mes yeux.
Mémoire du vent comme le dit un de ses recueils, Adonis reprend le souffle de Saint-John Perse, mais sans les envolées polyphoniques de celui-ci, par des phrases elliptiques, lapidaires. Il a la posture de Victor Hugo face aux nuées. Il se veut, et il l’est, la « conscience du monde arabe ».
La conscience du monde arabe
>
Son Manifeste pour une fin du siècle reste brûlant et lucide. Hélas trente ans après !
« Trente années se sont écoulées depuis ces écrits et rien n’a changé. Pis. Tout s’aggrave. L’espace de la liberté régresse et la répression s’amplifie. Diminuent aussi nos chances dans la démocratie et une société civile plurielle et diversifiée.
Et s’accentuent violence et tyrannie. Aujourd’hui nous sommes moins croyants, moins cléments. Plus confessionnels et plus fanatiques. Moins seuls et plus démembrés. Moins ouverts aux autres et tolérants, plus cruels et renfermés. Ainsi, aujourd’hui nous sommes plus pauvres. Et ce que nous appelons patrie est en train de se transformer en une caserne militaire ou un camp tribal.
On s’est évertué en ce siècle à nous entretenir de l’« unité arabe » et à prêcher le « nationalisme arabe ». Nombreux sont ceux qui sont morts pour ces principes et ces valeurs. D’autres ont été torturés, emprisonnés, exilés. Et au nom de cela des régimes triomphaient ou chutaient ». (Adonis)
Comme Edmond Jabès il sait que « le livre est le peu de sable fin pris, un jour, au désert et restitué quelques pas plus loin. »
Adonis dit superbement « je viens de l’avenir ! » et il veut voir de ses yeux de ses mots, l’invisible. Il campe aux marches du questionnement, aux mouvances de l’éphémère, il erre pour débusquer le caché des choses. Il marche, il marche et le rythme de sa poésie est souvent celui de la marche d’un homme seul, mais avec les odeurs des villes métisses et chaudes au loin.
Quelle plus haute définition de la poésie que celle-ci :
« Toute mon œuvre de poète repose sur cette conviction que l’art, la poésie n’expriment pas l’existence ou l’être humain mais les complètent. Exprimer une chose, c’est toujours n’en dire qu’une partie, fort heureusement d’ailleurs. Quand je parle, je ne m’exprime pas, je me projette. La poésie, l’art, sont donc un prolongement de l’existence. Par eux, je ne cherche pas à reproduire la réalité ni même à la saisir, mais à en inventer une autre qui va éclore et continuer à se déployer hors et en avant de celle dont elle vient. »
Homme de paraboles, homme de migrations, homme de l’éphémère qui fait manger les métaphores dans ses mains comme le sel pour les bêtes est la plus belle figure possible du poète. Caravansérails ses poèmes avancent vers nous.
« La fin du livre est, peut-être, la fin du temps ». (Edmond Jabès), Adonis nous dit le temps du livre, le temps des déserts, le temps des hommes. Il semble avoir porté et créé l’arabitude dans un grand souffle de liberté qui devrait tous nous inspirer.
J’appartiens aux vents, ceux dont les orages unifient
La face de la terre, le visage du cielEt la figure de l’homme.
Le Livre continue à être écrit. Avec courage contre tous les intégrismes - une récente visite en Algérie à 78 ans lui a permis de dire haut et fort ses convictions intangibles, avec passion et beauté. Les vents du monde passent sur la face de sa poésie.
Nous respirons mieux grâce à Adonis.
La poésie est son propre chemin, son unique but. Elle est le monde. (Adonis)
Gil Pressnitzer
Choix de textes
Index des travaux du vent (aphorismes)
J’ai écrit mon identité
A la face du vent
Et j’ai oublié d’écrire mon nom.
Le temps ne s’arrête pas sur l’écriture
Mais il signe avec les doigts de l’eau
Les arbres de mon village sont poètes
Ils trempent leur pied
Dans les encriers du ciel.
Se fatigue le vent
Et le ciel déroule une natte pour s’y étendre.
La mémoire est ton ultime demeure
Mais tu ne peux l’y habiter
Qu’avec un corps devenu lui-même mémoire.
Dans le désert de la langue
L’écriture est une ombre
Où l’on s’y abrite.
Le plus beau tombeau pour un poète
C’est le vide de ses mots.
Peut-être que la lumière
T’induira en erreur
Si cela arrive
Ne craint rien, la faute est au soleil
Publié dans L’Orient - Le Jour du 12 mars 1998 et traduit de l’arabe par François Xavier (copyright)
Je sais, l’invisible est cette rose,
l’invisible est cette femme,
et le visage est l’envers du ciel
je sais, nuage par nuage
mes ciels remontent des paradis terrestres,
bienvenue alors à l’histoire
et à ses atomes de poussière,
l’éphémère, comment peut-il désespérer
alors que le vent est son chemin
Adonis Mémoire du vent Poèmes 1957-1990 Poésie/Gallimard 1991 © Gallimard
***
Je n’entends pas sa voix.
Cet alphabet, que dit-il ?
Le poète doute des forêts qui s’étalent sur ses champs
et fait descendre sur lui ses foudres
***
Amour
sujétion qui librement s’écoule
des jarres de l’éternité...
Amour
Astre qui mendie
l’espace...
Commencement du corps, fin de l’océan est un chant. Traduit de l’arabe par Vénus Khoury-Ghata,
J’ai dit : pas de cahiers, ni de livres...
Il n’a rien répondu
Un fleuve de douleur coula dans ses mains
Un fleuve de tendresse coula entre nous deux
— et nos bras se rejoignirent
Et nos cous se rencontrèrent.
Le livre
Terre de magie
Ne restent ni vengeance, ni querelle
Entre le gardien des jours et moi
Chacun s’en est allé
Entourant son histoire d’une clôture de nuages
Chacun a reconnu ses frontières
Ma terre demeure terre de magie
J’illusionne l’air
Je blesse la face de l’eau
Et m’échappe d’une bouteille à la mer
***
« Pour saluer Florence et Hussein »
Un dieu sumérien m’écoutait
en se lavant les pieds
dans les vagues qui relient
le Tigre à l’Euphrate.
O Dieu ami, est-ce vrai que tu as
une fois chuchoté à ton épouse :
«dans ce monde, il m’est
difficile d’être Dieu ».
Soudain une foule d’anges
s’abat sur nous et se met
à lapider la langue :
Si la parole était de feu
le silence ne serait
qu’un début d’enfer.
En vérité, c’est au ciel que poussent
les racines de la catastrophe.
En vérité, à Bagdad, les pierres
pourraient se fendre de honte.
À Paris, dans une triste chambre,
j’ai voulu asseoir mon pays
sur mes genoux.
Ce n’était pas pour imiter Rimbaud,
sa manière de traiter la beauté, mais pour fonder d’autres droits
de l’homme que j’avais peur de
déclarer.
Combien la vieillesse de la langue
a besoin de l’enfance de
l’alphabet.
L’univers ne cessera de pleurer
et de sécher ses larmes
avec les corps assassinés,
jusqu’au jour où tu donneras
ton corps, ô ma terre,
aux bras de l’aube.
Poème inédit d’Adonis lu en arabe par lui-même et en français par Christian Salmon, au Théâtre du Rond-Point, le 31 janvier.
©Libération 2/02/2005
Hier
J’ai fermé la porte de ma chambre avec la prime étoile
J’ai tiré l’unique rideau et j’ai dormi avec ses lettres
Et voilà l’oreiller mouillé et les mots pleins
je suis magicien, son nom est encens et encensoir
je suis magicien, elle est étincelles et temple aux primes braises
je m’étends dans l’épaisseur de la fumée
je dessine les signes
je jette un charme à sa blessure
L’efface avec ma peau
O toi blessure ô enfer éclairant
Ô toi blessure ô mort ma familière
Dans la blessure il y a des tours avec des anges
Une rivière ferme ses portes, des herbes marchent
Un homme se dénude
Il effeuille la myrte sèche et il rend grâces,
L’eau tombe goutte à goutte sur sa tête,
Il se prosterne et disparaît
je rêve -
Je lave la terre jusqu’au miroir
je la frappe d’une muraille de nuages d’une haie de feu
Et je bâtis une coupole de larmes je les façonne
Que m’as-tu préparé comme ultime cadeau ?
« - Ma chemise, celle qui le jour des noces nous entourait.
Et je descendrai avec toi dans la tombe
Pour te rendre facile la mort de l’amour
te mélange avec mon eau et je te donne à boire à la mort
je te donne mon bien : la tombe et la gratuité de la mort. »
Une fois je l’ai vue sur la terre un flacon
Mer qui se penche
Pleine de conques et créatures réincarnées
Oiseaux et ailes
Et lors j’ai dit
Que la transparence de femme soit la transparence du ciel
Que le monde devienne une pierre de sexe
Et je la verrai mer qui se penche
J’aimerai son écume et creuserai pour elle un coin près
de mon œil
je jurerai aux vagues qu’elles sont mes voisines
Promenant selon leur sel mes angoisses
Elles veillant avec moi ou s’endormant
Lisent en moi leur propre écho :
Il dit : (Tu es ange et tu ne vois que sous la peau
C’est entre toi et l’ange l’unique ressemblance
Ne veux-tu découvrir le continent des profondeurs?
Donc, abandonne
À quelque autre que toi le continent des cimes.)
(Traduction de Martine Faideau) © Poésie 1 juin 2001
Bibliographie
- Le livre de la migration, Luneau Ascot, 1982 ;
- Le temps des villes, Mercure de France, 1990 ;
-Célébrations, La Différence, 1991 ;
- Chronique des branches, Orphée/La Différence, 1991 ;
- Mémoire du vent, Poésie/Gallimard, 1991 ;
- Singuliers, Sindbad/Actes Sud, 1995.
- Chants de Mihyar le Damascène, suivi de Singuliers, Gallimard, 2002
-Soleils seconds, Paris, Mercure de France, 1994
- Célébrations, Paris, éditions de la Différence, 1991
-Tombeau pour New York suivi de Prologue à l’histoire des tâ’ifa et de Ceci est mon nom, Paris, Sindbad, 1986
- Introduction à la poétique arabe, traduit de l’arabe par Bassam Tahhan et Anne Wade Minkowsky, Paris, Sindbad, 1985- Commencement des corps, fin de l’océan traduit de l’arabe par Vénus Khoury-Ghata Mercure de France 2004
- Célébrations La Différence. 2005
- Chronique des Branches La Différence. 2005
- Sabhan Adam Fragment s Editions. 2005
- Le livre (al-Kitâb) Le Seuil. 2007
- Histoire qui se déchire sur le corps d’une femme Mercure de France. 2008