Gustav Mahler
Le temps advenu de Gustav Mahler
Mahler avait coutume de dire : « Mon temps viendra » et le temps de Mahler est venu, même en France longtemps hostile à sa musique.
Dans un siècle musical mâchant et remâchant ses créateurs morts. labellisés musicalement corrects. l’irruption de Mahler est un véritable phénomène de société qui mérite réflexion.
Après l’enfer nazi et le purgatoire de I’après-guerre, où une sorte de conspiration du silence avait maintenu Mahler dans la « musique dégénérée », seuls quelques amis, Walter, Klemperer, Horenstein et bien peu d’autres, avaient su maintenir la lumière mahlérienne allumée, celle de l’Urlicht, de la lumière originelle.
L’hostilité des orchestres, des grandes marques du disque, du public enfin, faisait de la musique de Mahler une non-musique évanouie dans un curieux mélange de culpabilité envers ce compositeur juif, d’anti-germanisme latent..d’anti-romantisme récurrent. Sans avoir entendu sa musique, une muraille de sottises et de racisme musical - ou carrément antisémite -, s’était abattue comme une chape de plomb. Je me souviens par exemple timidement avoir voulu laisser entendre au directeur du conservatoire de Toulouse à l’époque que le Chant de la Terre pouvait être perçu comme de la musique et ouvrait une nouvelle perception du temps, et nous étions à la fin des années soixante.
Toute cette pluie noire avait fini par faire disparaître la musique de Mahler de la conscience et surtout de l’écoute de nos contemporains. Paradoxalement cela lui a évité I’usure de tant d’autres musiques dont les ficelles ont cassé à force de redites et de manque d’authenticité. Elle a pu ainsi réapparaître comme neuve, comme un regard nouveau et à une époque charnière de réévaluation et de doutes, les années 1965. Entre le trop-plein de certaines musiques plutôt creuses, et les troubles d’un siècle en recherche de lui-même et de sa spiritualité, un vide était là et la musique de Mahler viendra le combler. Par un retour de balancier de l’histoire afin de corriger une des injustices de la musique, par une vague de fond de nostalgie, les temps étaient mûrs pour une musique de questionnement, ni trop tonale, ni trop ouvertement moderne.
Aussi une cristallisation s’est opérée entre un monde qui doute et une musique d’une infinie richesse avec ses contradictions, son pathos sincère, ses collages grinçants et triviaux, sa folle espérance, son poids merveilleux d’enfance, ses envolées vers I’ailleurs. Et la musique de Mahler est devenue emblématique de notre temps. Nous étions en attente d’une telle musique, oubliée et redécouverte, vaguement familière et inouïe dans ses trouvailles. Ce rendez-vous entre les troubles d’une époque et celle d’un créateur parmi les plus exigeants qui soient a donné cette passion mahlérienne.
Quelques étapes sont connues : le film ’’Mort à Venise’’ de Visconti et I’image complètement fausse de Mahler qu’il véhicule, l’intégrale de Bernstein. la troisième d’Adler. la neuvième de Klemperer et ce souffle d’éternité donné par Kathleen Ferrier et Bruno Walter et puis le ralliement des modernes Berio et Boulez qui ont replacé Mahler dans son importance historique. E t surtout la fureur sacrée des zélotes Henri-Louis de la Grange et Marc Vignal, qui ont révélé également I’homme Mahler.
Mais la véritable étincelle fut à mon sens le développement de la stéréophonie car toute la musique de Mahler appelle l’espace, et la haute-fidélité a fait de Mahler son alibi sonore.
La musique de Mahler est aussi celle d’un génial orchestrateur, d’un grand sorcier des sons et des couleurs qui ne peut être comparée qu’à Ravel ou Berlioz. Toutes ces convergences n’auraient créé qu’une mode volatile si le compositeur Mahler n’était pas immense.
Reconnu dès 1920, redécouvert à peine vers 1960, (la première de la Neuvième à Paris date de 1967 !) Mahler offre la puissance d’une musique constamment en évolution, merveilleusement construite et toujours fraîche et sincère, touchant au plus profond de chaque auditeur.
Chef d’orchestre par nécessité économique, mais le plus grand de son siècle, compositeur de vacances, mais auteur de dix symphonies et de cycles de mélodies à hauteur de Schubert, Mahler était dans un monde finissant un homme infiniment moderne, visionnaire et exigeant. Faisant peu de cas des traditions et des conventions poussiéreuses il a su faire rayonner des théâtres comme Prague, Hambourg, et bien sûr Vienne, qui connut sou âge d’or pendant dix ans sous son règne, - Vienne l’ingrate qui n’a pas su même se souvenir de son nom.
Prodigieux chef d’opéra. beethovénien et mozartien d’exception. homme à la volonté inexorable. ne supportant pas la médiocrité, il se donna avec une ardeur féroce aux partitions des autres, En tant que compositeur, sa gloire de chef fut un lourd handicap et il connut peu de succès - la deuxième, la huitième tout au plus.
La trajectoire de ce petit juif des marges de l’immense empire austro-hongrois, parvenu à s’imposer dans un contexte violemment antisémite, ne serait qu’anecdotique si Mahler n’avait pas irradié son siècle par une autre qualité rare : sa dimension humaine. Celui que Schoenberg appelait « le Saint », aura éclairé son temps par son immense générosité. Plus tard seul Bartok peut lui être comparé en tant qu’humanité incandescente. Ce sont ces qualités d’âme que I’on perçoit derrière sa musique. Certes, morale et grande musique n’ont souvent rien à voir, mais une certaine lumière sourd de sa musique plus que de bien d’autres.
Venir vers Mahler, le comprendre c’est accepter de vivre en sympathie ses combats, ses douleurs, ses abattements, ses mélanges voulus de sublime et de vulgaire. Accepter un monde inquiétant, d’où les repères classiques ont disparu. Mahler est un narrateur, un lutteur, qui a apprivoisé le chaos et qui dans une immense utopie a voulu par sa musique édifier un nouveau monde, réunir les mondes disparates du lied et de la symphonie. Gens qui avaient besoin de certitudes fuyez Mahler, gens qui ne pouvaient vivre que dans la mer déchaînée de la vérité et de la générosité, laissez-vous emporter par Mahler. Mahler est mystique, Mahler est douloureusement humain, trop humain. Mahler est grand et sa musique à nulle autre pareille, est la plus profonde des interrogations et des consolations.
La musique de Mahler aura, depuis moins de trente ans, marquée nos pensées actuelles. Mahler musicien de la prémonition, de la compassion et de la générosité est notre véritable contemporain, Il n’est pas un post-romantique attardé dans nos têtes, mais notre grand actuel, notre frère en musique et en humanité, aussi sa musique n’en finit pas de s’élargir en nous.
Biographie succinte
Mahler est l’exact contemporain de Debussy (1862-1918), mais bien plus discuté, mais plus passionnant.
La connaissance de la biographie de Mahler est essentielle pour accéder à sa musique. « Il est plus important de savoir comment Mahler nouer sa cravate que de lire un traité d’harmonie » Schoenberg, qui l’appelait Mahler le saint.
Gustav Mahler, né le 7 juillet 1860 et mort le 18 mai 1911, était un musicien autrichien. Bien qu’il fût principalement connu à son époque comme chef d’orchestre de premier plan, il est surtout célèbre aujourd’hui comme un compositeur important dont l’œuvre jette un pont entre la fin du XIXe siècle et la période moderne. Il a écrit dix symphonies et plusieurs cycles de lieder dont Das Lied von der Erde.
Mahler naquit le 7 juillet 1860 à Kalist (Kalischt, Kališt ?), aux confins de la Bohême et de la Moravie, second des 14 enfants de Bernhard Mahler, cafetier et distillateur, et de Maria Hermann.
Il était donc issu d’une famille modeste juive et servit de père de famille à ses frères et sœurs dont tant moururent tragiquement. Le père tenait un débit de boisson, sa mère boitait et cela le marquera toute sa vie ; Violence du père, douceur de la mère, mort de huit de ses frères et sœurs. Pendant sa première année, ses parents s’établirent en Moravie à Jihlava, où il passa son enfance.
En 1875 après avoir commencé à apprendre le piano, il est admis au conservatoire de Vienne avec l’appréciation "musicien-né". Là il étudia au Conservatoire de Vienne dans les classes de Julius Epstein (piano), Robert Fuchs (harmonie), et Franz Krenn (contrepoint). Hugo Wolf et Arnold Rosé figurent parmi ses condisciples. Compose de nombreuses oeuvres de musique de chambre et d’orchestre qu’il détruira par la suite.
Il suivit parallèlement (1877) des conférences données par Anton Bruckner à l’université de Vienne. Sa première composition importante fut Das Klagende Lied, écrite à moins de vingt – ans, et qu’il présenta à un concours en tant qu’Opéra, mais qu’il transforma plus tard en cantate. L’échec de cette tentative le persuada de se tourner vers la direction d’orchestre.
Il débute sa carrière de chef d’orchestre à Bad Hall, une station balnéaire près de Linz. Presque par hasard et pour gagner sa vie. Ensuite viennent Ljubljana (1881-1882), Olonouc, Moravie (1883) et Kassel, Prusse (1883-1885). Il est nommé en 1885 "kappelmeister" de l’opéra de Prague, où il dirige la Neuvième symphonie de Beethoven, lui assurant une solide réputation. Sous le poids de ses défaites sentimentales, Mahler écrit de 1880 à 1888, "Lieder eines fahrenden Gesellen" et sa première symphonie,
Cette vie de saltimbanque pour un métier absolument non désiré le fait plus fort :
« Je sais maintenant que je suis pénétré des choses les plus grandes et les plus douloureuses, et destiné à les porter en moi, sans les laisser profaner, toute ma vie »
A l’âge de vingt ans, Gustav Mahler n’avait qu’un seul but dans la vie: devenir compositeur. Il attribuera plus tard au jury réactionnaire qui, en 1881, lui a refusé le Prix Beethoven de Vienne, toute la responsabilité de sa longue carrière dans le "bagne", l’enfer du Théâtre.
"Si vous voulez composer, dira-t-il à la fin de sa vie au jeune Alban Berg, surtout évitez le théâtre !" Mais pour survivre, à cette époque, que pouvait donc faire un jeune musicien, riche tout au plus de ses dons et de ses espérances ? Ce métier de chef d’orchestre qu’il aborde à vingt ans, Mahler va s’y lancer tête baissée, avec une fièvre et une ardeur presque fanatiques. Il va donc cesser d’écrire de la musique, et cela pendant quatre ans, son activité théâtrale ne lui laissant pas le moindre loisir. Il ne reprendra la plume qu’en 1884, pour ainsi dire contraint et forcé par les émotions violentes engendrées par une crise sentimentale. Quatre années auparavant, Das Klagende Lied avait vu le jour dans des circonstances analogues. Il semble que l’amour seul, et surtout l’amour malheureux, permette alors au jeune Mahler de "retrouver le chemin de lui-même", c’est-à-dire celui de la composition.
1886 Nomination au Neues Stadttheater de Leipzig.
1887 Mahler découvre l’anthologie poétique Des Knaben Wunderhorn.qui va le hanter toute sa vie.
1888 En octobre, il est nommé directeur de l’Opéra hongrois de Budapest. Il achève la Première Symphonie qui fut cependant un échec à sa création le 20 novembre 1889 à Budapest.
1891 Mahler est nommé Kapellmeister du Stadt-Theater de Hambourg. Il obtint ainsi son premier poste de longue durée à l’opéra de Hambourg en 1891, où il resta jusqu’en 1897. C’est pendant les vacances d’été qu’il prenait alors à Steinbach-am-Attersee près de Salzbourg, qu’il se remit à la composition et reprit sa première symphonie et ses 2e et 3e symphonies, ainsi que la grande majorité des "Wunderhorn Lieder".
1894 Il achève la Deuxième Symphonie dite « Résurrection »..
1895-96 Composition de la Troisième Symphonie immense chant panthéiste la seule religion profonde de Mahler.
Mahler se convertit en 1897 du Judaïsme au Catholicisme pour pouvoir obtenir le poste de directeur artistique du prestigieux opéra de Vienne, poste dont les Juifs étaient alors exclus dans la pratique. Grâce à Brahms et un réseau d’amis, il est nommé Le 8 avril, comme Kapellmeister de l’Opéra de Vienne. Six mois plus tard, il est nommé directeur de l’opéra de Vienne. En septembre 1898, Mahler prend la tête de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Il a donc tous les pouvoirs sur la capitale musicale du monde.
Il passa les dix années suivantes à Vienne et y acquit une réputation de perfectionnisme. Pendant cette période, pendant laquelle il alternait la direction pour neuf mois de l’année et la composition le reste du temps - principalement à Maiernigg, où il avait une petite maison sur le Wörthersee
Dans cette période de splendeur il monte avec succès Tristan (1903), Fidélio (1904), Don Giovanni (1905), Figaro (1906). Il fait la connaissance d’Arnold Schoenberg, Alexander von Zemlinski et du groupe Sécession, composé, en outre, des peintres Gustav Klimt et de Karl Moll. Ensuite, il compose de 1901 à 1910, sa 4e (1900) après son s’installation à Maiernigg,
1901 Composition de la Cinquième Symphonie. En novembre, Mahler rencontre Alma Schindler chez le docteur Zuckerkandl.
1902 Le 9 mars, mariage d’Alma Schindler (1879-1964) et Gustav Mahler et en eut deux filles. À Maiernigg, achèvement de la Cinquième Symphonie.
1903 Premier voyage en Hollande.
1904, année fertile qui voit l’achèvement des Kindertotenlieder, de la Sixième Symphonie, et la composition d’une partie de la Septième. Deuxième voyage en Hollande où il dirige ses propres œuvres.
1905 Première audition des Kindertotenlieder, de quatre Rückert-Lieder et de six Wunderhorn-Lieder, le 29 janvier à Vienne. À Maiernigg, Mahler achève la Septième Symphonie.
1906 Toujours à Maiernigg, composition de la Huitième Symphonie durant l’été.
1907, année maudite et à cause d’attaques reçues à l’égard de ses origines et de sa musique, Mahler s’épuisait. Suite au décès d’une de ses filles, de Maria Anna (Putzi), l’aînée de ses filles en 1907 tout s’effondra autour de lui.. Cette fille adorée, Putzi, avec qui, il se retirait pour parler avec elle une langue inconnue des autres, racontait des histoires que personne ne connaîtra et sortait de la chambre le visage couvert de confiture. La même année, il se découvrit une maladie de cœur et il perdit son emploi à Vienne, en proie aux attaques d’une presse largement antisémite, après avoir sans trop de succès essayé de défendre ses propres œuvres. Alors que sa quatrième symphonie avait reçu un accueil assez favorable, il lui fallut attendre 1910 pour rencontrer un vrai succès public avec la huitième symphonie. Ses œuvres ultérieures ne furent jamais exécutées en public de son vivant.
Mahler était en butte à des attaques antisémites de plus en plus virulentes quand il reçut une offre pour diriger le Métropolitain Opéra à New York. Il y dirigea une saison en 1908 mais fut écarté au profit d’Arturo Toscanini. Il revint à New York l’année suivante pour y diriger l’Orchestre philharmonique de New York. Il restera donc deux ans au Met à New York, puis fera une tournée avec la Philharmonie, mais sera contraint de s’arrêter, malade, durant la deuxième saison de concerts.
Année des drames, Départ pour les États-Unis. Il dirige pendant quatre mois au Métropolitain Opéra de New York.
1908 Composition de Das Lied von der Erde à Toblach, dans les Dolomites. Deuxième saison au Métropolitain Opéra de New-York..
1909 À Paris, il pose pour Auguste Rodin. À Toblach, il compose la Neuvième Symphonie. Il est nommé directeur musical de l’orchestre Philharmonique de New-York.
1910 Premières esquisses d’une Dixième Symphonie. Deuxième saison à l’orchestre Philharmonique de New-York.
1911 En février, Mahler tombe malade : il souffre d’une endocardite lente. Se sachant condamné il veut mourir chez lui, il retourne à Paris en avril : il est hospitalisé à Neuilly.
Il veut revoir Vienne et un lent convoi ferroviaire l’emmenera à Vienne après d’innombrables arrêts dans les gares où des milliers de gens voulaient le saluer. Il arrive à Vienne début Mai. Puis il décède à Vienne le 18 mai 1911, à 51 ans à peine et après avoir pris un tournant fondamental dans sa musique. Immense est donc la perte. Un orage épouvantable se déchaîna au moment de sa mort. Son dernier mot fut « Mozart ». Il avait voulu à tout prix retourner à Vienne, un convoi ferroviaire qui s’arrêtait à chaque gare envahie par les gens pour le saluer, laissant inachevée sa dixième symphonie. Il y est enterré au cimetière de Grinzing avec cette inscription « Ceux qui m’aiment savent où je suis, les autres n’ont pas besoin de le savoir".
Œuvres
Symphonies
Symphonie n° 1 en ré majeur, Titan (1884-1888)
Symphonie n° 2 en do mineur, Résurrection (1887-1894)
Symphonie n° 3 en ré mineur (1893-1896)
Symphonie n° 4 en sol majeur (1899-1901)
Symphonie n° 5 en do dièse mineur (1901-1902) Cf : Film " Mort à Venise " de Visconti
Symphonie n° 6 en la mineur, Tragique (1903-1905)
Symphonie n° 7 en si mineur (1904-1906)
Symphonie n° 8 en mi bémol majeur, Symphonie des mille (1906-1907)
Symphonie n° 9 en ré majeur (1909-1910)
Symphonie n° 10 en fa dièse majeur (1909-1910), inachevée.
Œuvres vocales
Das Klagende Lied (Le chant plaintif) version opéra (1878-1880), version cantate (1896-1898)
Drei Lieder (Trois lieder) pour ténor et piano (1880)
Lieder und Gesänge aus der Jungendzeit (5 Lieder de jeunesse) pour voix avec piano 1880-1883
Lieder eines fahrenden Gesellen (4 Chants d’un compagnon errant) pour voix et piano ou orchestre (1883-1885)
wunderhorn-lieder (9 Chants) (1888-1891)
Lieder aus « Des Knaben Wunderhorn » (10 Lieder du « Cor Enchanté de l’Enfant ») pour voix et orchestre (1892-1896, deux autres en 1899 et 1901)
Rückert Lieder 4 lieder pour voix et piano ou orchestre (1901-1903)
Kindertotenlieder 5 lieder pour voix et orchestre (1901-1904)
Lieder eines Fahrenden Gesellen 4 lieder (1904)
Das Lied von der Erde (Le chant de la terre) pour voix et orchestre (1907-1909)
Ainsi était Mahler.
Musique de partage et de fraternité, d’angoisse existentielle aussi.
Le temps de Mahler est donc venu, comme celle de Kafka son jumeau littéraire, et sa musique restera car elle est musique de profond désir, de dépassement, de rapport intime avec la nature et surtout de tutoiement avec l’infini,
’’Mon besoin de m’exprimer musicalement, symphoniquement ne commence que là où règnent les sentiments obscurs. à la porte qui conduit dans l’autre monde, le monde dans lequel les choses ne sont plus divisées par l’ espace et le temps".
La musique de Mahler aura, depuis moins de trente ans, marqué nos pensées actuelles. Mahler musicien de la prémonition, de la compassion et de la générosité est notre véritable contemporain, Il n’est pas un post-romantique attardé dans nos têtes, mais notre grand actuel, notre frère en musique, aussi sa musique n’en finit pas de s’élargir en nous.
Gil Pressnitzer