Sarclo

Le dandy aux pieds nus

Jeune voix de la chanson suisse de Genève, dire que les couplets de Sarclo sont plus frais que les crustacés du Lac Léman est un euphémisme.

Mais ne vous fiez pas de premier fumiste de la classe : je donne volontiers l’érotisme de la lippe inférieure de Sylvester Stallone (ils se ressemblent si peu !) contre le gros orteil de ce dandy aux pieds nus.

Loin des nouveaux Brassens édulcorés et des néoFerré qui ont oublié leur révolte dans leur image, Sarclo est d’un anti-lyrisme désarmant qu’il ne ressemble tellement à rien de connu qu’il devrait bientôt se faire reconnaître.

Car il vous embarque sur le radeau de ses délires avec une drôlerie fraternelle.

Vous l’aurez deviné : je suis jaloux de Sarclo.

J’aurai voulu avoir la belle naïveté d’écrire « t’es belle comme le petit Larousse à la page des avions », mais hélas je ne me sers que du gros Robert.

En concert près de chez vous, alors si vous voulez rajeunir votre idée du bonheur, n’hésitez pas un instant : prenez votre agenda et réservez votre soirée.

Sarclo est sans aucun doute la meilleure folie qui pouvait arriver à la chanson francophone, depuis belle lurette.

Qu’on se le dise !

Bruno Ruiz

Difficile de reprendre la plume après cela, car Bruno est expert en humour froid servi chaud, si ce n’est pour ajouter que Sarclo sarcle les sillons des mots jusqu’à la moisson.
Il fait rendre gorge au sens commun et comme il avance masqué disons que Michel de Sanarclens, dit Sarclo, est effectivement unique et ne peut se ranger dans les coffres de la chanson, même suisse.
Il alterne dans le même souffle des coups de gueule éclatants à une tendresse qui va se nicher dans le rire. Il est un insoumis du cœur. Un drôle d’humaniste et ce depuis pas mal de temps.
« L’amour est un commerce
Mais la décharge est municipale »
D’accord mais Sarclo du fond de ses pitreries fait souvent froid dans le dos (Faut-il apprendre à nos enfants) qui nous rappelle que quand les Suisses se mettent en colère les Alpes tremblent (voir Bühler, Ziegler,...). Son regard n’est pas triste comme certains regards : « C’est le regard des cloportes / De ceux qui n’auront pas joui»
Sarclo retourne avec gourmandise le fer dans la plaie, vif et éclairant il nous débite "Des Tendresses et des Cochoncetés". Il est bien le plus grand de la "world music " suisse romande. Plaignons, oui plaignons en nous frappant la poitrine des malheurs et des difficultés d’un pauvre anormal, chanteur quinquagénaire, hétérosexuel, suisse et protestant. Il faut donc lui pardonner pour toutes ses offenses, elles sont nombreuses et revigorantes.
« Pleurer n’est pas un métier
Et le vin ne rend pas mignon
Les jeunes cadres ont les chocottes
Ils travaillent tard dans la nuit
Et les dames de gauche tricotent
Pour les bébés sarahouis »
Sarclo, c’est Sarclo tel qu’en lui-même autoportraiturer:
« Sarclo collectionne les vieilles guitares, les flops, les aphorismes épouvantables et les chansons d’amour.
À l’aube du troisième âge, il finit par avoir une sorte de maîtrise de sa musicalité, jadis ingrate, et il a écrit assez de chansons pour ne plus avoir le temps de chanter les mauvaises.»

Gil Pressnitzer

Textes de Sarclo

Faut-il apprendre à nos enfants

Le mortier sous les yeux d’Albert

Un peu de sable et du ciment

Il regarde sérieusement

Bientôt c’est lui qui saura faire

Pendant ce temps c’est la guerre de cent ans

Les maisons brûlent sur le petit écran

Chez nous la vie est plus jolie

C’est bonnard mais ça ramollit

On s’y plaît bien mais on s’y vautre

Cent ans sans guerre c’est trop longtemps

Le jour où l’horreur va venir

Saura-t-on seulement réagir

Faut-il apprendre à nos enfants

Comment brûler les maisons des autres

Choper Félicie et Albert

Bien rire et puis les embrasser

Il aura bientôt ses fiancées

Il saura très bien comment faire

Pendant ce temps c’est la guerre de cent ans

Les enfants meurent pour le petit écran

Chez nous la vie est plus jolie

C’est bonnard mais ça ramollit

On s’y plaît bien mais on s’y vautre

Cent ans sans guerre c’est trop longtemps

Le jour où l’horreur va venir

Saura-t-on seulement réagir

Faut-il apprendre à nos enfants

Comment tuer les enfants des autres

Dans leurs cheveux les doigts d’une mère

Ca vous les rend tendres et vivants

Le monde a l’air fait pour les gens

Tant qu’on l’a pas foutu en l’air

Et pendant ce temps la guerre de cent ans

Crève les mamans sur le petit écran

Chez nous la vie est plus jolie

C’est bonnard mais ça ramollit

On s’y plaît bien mais on s’y vautre

Cent ans sans guerre c’est trop longtemps

Le jour où l’horreur va venir

Saura-t-on seulement réagir

Faut-il apprendre à nos enfants

Comment violer les mamans des autres

Copyrights © 2003 - Chanson-net.com - Sarclo -

Discographie

n° 15 - 2006 - "Chansons posthumes Volume un"n° 14 - 2006 - "Quinzaine du blanc chez les 3 Suisses" CD/DVDn°13 - 2003 "Des Tendresses et des Cochoncetés" (L’Autre Distribution)n° 12 - 2001 - " L’Amour est un Commerce, mais la décharge est municipale " (CDR distrib EPMn°11 - 1998 "On leur doit des enfants si doux" (CDR distrib EPM)n°10 - 1997 - "Michel et Denis jouent à Paris" (CDR distrib EPM)n° 9 - 1995 - "L’amour de l’amour (et la chair à saucisse)" (CDR distrib EPM)n° 8 - 1994 - chez EPM : "T’es belle comme le petit Larousse à la page des avions" (compil)

lien http://www.sarclo.com/, site du drôle lui-même avec discographie et textes