Simon Goubert
L’appel de la batterie
Le jazz français est encore le tremplin de musiques pleines d’appels, de vibrations. Simon Goubert en est la preuve par le sax.
Débarrassé de son adolescence, de ses craintes, il laisse couler clairement sa musique. Parfois torrent de montagne, parfois arrivé à la mer, le jazz qu’il a plaisir à jouer en "pensant ensemble, comme un" suivant les conseils d’Elvin Jones. Simon Goubert est né à Rennes en 1960. Il est d’abord pianiste mais avant tout batteur après le choc reçu en entendant le démiurge Kenny Clarke, le 4 février 1970 précise-t-il, tant est incandescent le souvenir. Son métier il l’apprend sur le tas en hantant les boites de jazz parisiennes, bondissant derrière les batteries si on daigne lui faire signe. Aldo Romano, Jacques Thollot, Christian Vander lui feront ces signes. D’ailleurs il fera partie du groupe "Offering" de Christian Vander en 1992, mais aux claviers ! Sa véritable maîtresse, la batterie, il la rejoint bien vite et multiplie les rencontres qui le façonnent Ainsi il va jouer avec Mal Waldron, John Hicks, James Carter, Steve Grossman, Sonny Fortune, Joachim Kühn, Dave Liebman, et bien sûr la plupart des jazzmen français. Ses amitiés électives iront vers Michel Grailler, Glenn Ferris, Emmanuel Bex, Manuel Rocheman, Sophia Domancich.
Son quartet peut évoluer, sa musique aussi, toujours il essaie de garder intacte la flamme. Et il n’a de cesse que de dépasser ses limites, et de pousser ses amis à aussi au-delà de leurs limites.
Simon Goubert est un batteur de paroles, il ne triche jamais. "Les batteurs envoient des fusées dans le ciel" dit-il. Il ne se cache pas dans la technique irréprochable, mais se met en doute perpétuellement.
Sacralisant l’improvisation, il jette sa fougue libertaire dans ce credo proche des surréalistes. "Le jazz sera convulsif, ou ne sera pas !"
Jouer du jazz sera donc pour lui une aventure permanente et chaque concert une autre histoire, une autre conquête du feu.
Vouloir célébrer la hauteur d’esprit d’un Coltrane ou d’un Elvin Jones impose un esprit toujours en éveil, toujours en fusion. Simon Goubert est dans la filiation d’une musique à la recherche d’un douloureux infini, et faite de mouvements et d’émotions.
Un de ses disques s’appelle Le phare des pierres noires, il semblerait que Goubert soit plutôt le phare des nuits blanches. Il commence à jouer en duo avec David Liebman et le mélange de ce lyrisme violent, de cette véhémence parfois.
Hors de l’enfermement de "l’encierro", la musique de Goubert s’évade pour entrer dans l’arène et pour espérer ce mot de Boris Vian :
« Un jour il y aura autre chose que le jour, une chose plus franche… Nous l’appellerons encore jazz ».
Gil Pressnitzer
Discographie
en leader
Couleurs de peaux (1993)
L’encierro (1995)
Le phare des Pierres Noires (1998)
Désormais… (2001)